Le pouvoir de l'éducation

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La formation et les études sont un bon rempart contre la pauvreté à l’âge adulte, et chacun devrait avoir des chances égales de réussite. Telle est la philosophie de vie de Ratna Devi Nadarajan, qui se bat sans relâche pour les laissés pour compte et lutte pour défendre les droits des consommateurs en les aidant à faire entendre leur voix dans les cercles de la normalisation. La nouvelle Présidente du Comité de l’ISO pour la politique en matière de consommation (ISO/COPOLCO), explique ici son parcours et ses aspirations.

Avec mon jeune frère, chez nous, à Port Klang, Malaisie.

Mes parents m’ont inculqué les valeurs de l’éducation et de l’application au travail. Ils disaient que la réussite dans mes études m’ouvrirait les portes de tout un nouveau monde, et ils ne se sont pas trompés. J’ai aussi appris grâce à eux l’importance d’aider les plus démunis. Quel immense plaisir j’avais, je m’en souviens, à aider les enfants défavorisés de mon quartier. Je payais leur inscription à l’école et, ce qui est bien plus important, leur donnais ainsi accès à une éducation de base qui leur permettrait d’envisager un avenir meilleur.

Quand j’étais à l’université, j’allais voir ceux qui travaillaient dans les plantations de la région en me rendant dans leurs familles pour les aider à s’extraire de la pauvreté. Je m’efforçais, entre autres, de leur donner des conseils pour accéder à l’instruction ou des idées pour gagner de l’argent. À l’époque, l’éducation des enfants avait pour mission de leur transmettre les bonnes valeurs et des principes solides. J’aime à penser qu’il en est toujours de même de nos jours.

La vie est semée d’embûches

Les expériences que j’ai vécues ont façonné la personne que je suis.

Avec le recul, je me rends compte à quel point les expériences que j’ai vécues ont façonné la personne que je suis et ce que je fais aujourd’hui. Je pense en particulier à des incidents relevant de domaines qui intéressent les consommateurs, ou à des accidents dus à des appareils ménagers. Même avant ma naissance, j’en avais déjà fait l’expérience ! Difficile à croire, mais pourtant vrai ! À sept mois de grossesse, ma mère enceinte de moi, s’est électrocutée en touchant un fil électrique mis à nu pour un raccordement. Grâce au ciel, nous sommes toutes les deux encore là pour le raconter.

Ensuite, il y a eu mon accident à vélo, heurtée de plein fouet par un garde-boue que venait de perdre en route un camion qui roulait devant moi, puis l’explosion d’un camion-citerne rempli d’essence à quelques pas de ma maison. Il ne m’a pas fallu longtemps pour découvrir, et la collection des magazines du Reader’s Digest de mon père a contribué à m’ouvrir les yeux, que le monde recèle une multitude de dangers : agents chimiques dans les produits ménagers, problèmes environnementaux toujours plus nombreux, drogues dures et maltraitance des enfants.

Adolescente, j’ai continué à aider les autres en endossant l’uniforme des Ambulanciers Saint-Jean, l’organisme de bienveillance et de secourisme bien connu. J’y ai appris les premiers secours et les soins d’intervention d’urgence, de même que, il va sans dire, les vertus de la discipline.

J’étais aussi fascinée par l’archéologie (éblouie par les livres de mon oncle sur les découvertes archéologiques), la civilisation des Khmers au Sud-Est asiatique, les Pharaons d’Égypte, les Incas et les Mayas. Comme beaucoup de ceux qui ont grandi dans les années 1980, je voulais devenir archéologue – les films d’Indiana Jones qui remplissaient les salles de cinéma à l’époque ont sans doute créé des vocations.


Plongeon en eaux inconnues

Avec mes amies étudiantes. Mes études de Master m’ont ouvert les yeux sur la gravité de nos problèmes environnementaux.

Nous voilà maintenant dans les années 1990. Mon premier emploi fut une aubaine pour la femme ambitieuse que j’étais, grâce à l’encadrement très attentif que m’a prodigué mon patron. Il dirigeait l’entreprise qu’il avait créée de ses propres mains, l’unique boulangerie à fournir les fast-foods de Malaisie et d’Indonésie.

C’est aussi à cette époque que j’ai découvert ISO 9001 sur le management de la qualité. Première représentante du management de la qualité (RMQ) dans l’entreprise, j’étais responsable de la sécurité des produits alimentaires livrés aux vendeurs et, en définitive, de la sécurité de milliers d’amateurs de hamburgers.

Durant ces années, l’entreprise a dû affronter une série d’alertes graves à la suite de plaintes de clients pour des questions touchant à la sécurité de nos produits. Je me souviens d’un cas où un bout de fil de fer avait été trouvé dans un hamburger. Nous risquions un procès, qui n’a finalement jamais eu lieu, l’enquête ayant révélé que, contrairement aux suppositions initiales, le fil de fer en question provenait d’un ustensile du restaurant que nous avions approvisionné et non pas de notre pain.

Mon rôle de RMQ n’était pas simple ; l’entreprise était petite et elle avait pour mission de fournir à ses clients des produits de qualité élevée à faible coût. Plus difficile encore : l’obtention de la certification ISO 9001 a impliqué pour nous des tonnes de paperasserie et des questions de traçabilité à résoudre. La bataille a été rude, c’est le moins qu’on puisse dire.


Éveil à l’enjeu environnemental

Mon premier emploi dans le laboratoire d’une usine boulangère où j’étais responsable de la sécurité des produits alimentaires pour des milliers de consommateurs.

Avançons jusqu’aux années 2000. Donnant encore un fois raison à mes parents quant à la primauté de l’éducation sur tout le reste, en 2001, sans pour autant quitter mes fonctions de conseillère en gestion, j’ai repris mes études en vue d’obtenir un master en sciences de l’environnement. En préparant un travail sur ​​la gestion des déchets hospitaliers, j’ai vite mesuré la gravité de nos problèmes environnementaux et de notre incapacité à gérer les déchets d’une manière écologique.

Ma véritable vocation était là. J’ai compris que mon rôle était de mettre l’accent sur les problèmes qu’allaient bientôt soulever les modes de consommation non durables de notre société. En 2003, j’ai obtenu mon master et me suis mise en quête de défis plus ambitieux.


Nouveau chapitre

Un poste se libérait dans le domaine de la défense des intérêts des consommateurs dans la normalisation à l’Association malaisienne des utilisateurs de normes. Le cahier des charges cadrait parfaitement avec mes compétences et mes qualifications, j’ai postulé et, quelques mois plus tard, j’étais engagée.

Première représentante du management de la qualité chez un fabricant de produits de boulangerie en Malaisie.

Le premier projet qui me fut confié concernait la réalisation de matériels pédagogiques sur les normes et la normalisation, avec différents cahiers d’exercices pour les élèves. Au départ, la tâche m’est apparue insurmontable, je ne savais pas par où commencer ni comment m’y prendre. Rédiger des manuels et des procédures qualité était dans mes cordes, mais préparer des cahiers d’exercices pour des enfants et un manuel d’accompagnement impliquait tout un autre savoir-faire.

Sans baisser les bras, j’ai passé en revue mes expériences de jeunesse, en particulier mon travail avec les enfants de mon quartier. J’ai parcouru des dizaines de livres d’activités pour enfants, passé des heures à faire des recherches sur Internet, compulsé de nombreuses publications de l’ISO dont celles s’adressant spécifiquement aux enfants (y compris le matériel développé par les membres de l’ISO, qui n’était pas très fourni à l’époque).

J’ai ainsi réalisé combien les normes sont complexes et à quel point elles sont importantes pour le grand public. Je les voyais comme les fils invisibles de la trame d’une étoffe !

On n’insistera jamais assez sur l’importance des normes et de l’évaluation de la conformité pour les échanges commerciaux, et donc pour la circulation des marchandises à travers les frontières. Le secteur de la normalisation – avec toute sa complexité – a un impact considérable sur ​​la vie quotidienne du consommateur moyen et de tout un chacun.

Plus j’approfondissais mes recherches, plus je découvrais l’ampleur du monde « inconnu » des normes et de l’accréditation. C’est là que j’ai pris conscience du temps qu’il me faudrait pour tout assimiler et développer mes connaissances dans ces domaines – qui ont, soit dit en passant, considérablement évolué depuis la création de l’ISO en 1947.

Les cahiers ont, pour finir, été publiés au premier trimestre de 2006, juste à temps pour la 28e réunion et la journée d’étude de l’ISO/COPOLCO à Kuala Lumpur, en Malaisie. Ces cahiers et le Monde des normes ont fait œuvre de pionniers pour faire connaître les normes aux étudiants comme au grand public.


Toute ma reconnaissance

Les pays en développement ne sont plus les seuls à connaître des difficultés économiques.

Au cours des 18 dernières années, j’ai puisé mon inspiration auprès de nombreuses personnes, mes premiers patrons et mon patron actuel, ainsi que de l’ensemble de celles et ceux qui se dévouent pour l’ISO/COPOLCO.

Le travail acharné et le dévouement des experts du groupe de travail sur la responsabilité sociale qui a élaboré la norme ISO 26000 – un exploit monumental compte tenu du nombre de personnes et de groupes impliqués – ont renforcé ma motivation. Après la publication de la norme, j’ai préparé un module de formation sur la norme ISO 26000 et la responsabilité sociale – un autre travail de pionnier.

J’ai beaucoup appris au contact des plus grands spécialistes. Les centaines de personnes que j’ai rencontrées et avec lesquelles j’ai travaillé dans mon pays natal, au niveau régional et au sein de l’ISO m’ont aidée à progresser et à approfondir ma connaissance des normes.


J’ai fait un rêve…

En tant que nouvelle Présidente de l’ISO/COPOLCO, je voudrais voir les intérêts des consommateurs davantage portés à l’attention des comités techniques de l’ISO, en particulier ceux des pays en développement qui doivent s’engager et jouer un rôle décisif dans les normes de demain. De nos jours, les pays en développement ne sont plus les seuls à connaître des difficultés économiques – des économies avancées s’y trouvent elles aussi confrontées sous l’effet de la crise financière et des mesures d’austérité.

Partout dans le monde, les consommateurs (c’est-à-dire le grand public) sont au bout de la chaîne des restrictions économiques. Si les normes et l’évaluation de la conformité peuvent aider dans ce contexte, il faut que les comités techniques pertinents en soient informés. La consommation n’est-elle pas le moteur de l’économie ? La relance de l’économie et l’assurance de la durabilité de l’environnement passent par la préservation du bien-être des consommateurs aux niveaux environnemental et sociétal et par la qualité de ce qu’ils consomment.

Mes nouvelles fonctions de Présidente de l’ISO/COPOLCO me permettront de rencontrer d’autres personnes qui ont les mêmes convictions que moi et avec lesquelles je pourrais partager ce que j’ai appris au fil des années. Ces rencontres me donneront aussi, je l’espère, l’occasion d’inspirer de jeunes normalisateurs comme l’ont fait pour moi mes prédécesseurs.


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Elizabeth Gasiorowski-Denis

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