Davos et la quatrième révolution industrielle

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Par Kevin McKinley, Secrétaire général par intérim de l’ISO

Marcher dans les rues enneigées de Davos a quelque chose de fascinant. Cette petite ville des Alpes suisses est le lieu où 40 chefs d’État, 2 500 leaders de l’économie et de la société civile viennent se réunir pour débattre de certains des enjeux mondiaux les plus importants auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui

Dans la grande salle de congrès, je côtoie des personnalités de premier plan comme le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, la Reine de Jordanie, Rania al-Yassin, et le nouveau Premier ministre canadien, Justin Trudeau. Des chefs de grandes entreprises - Facebook, Airbnb, Nestlé, Monsanto, IKEA etc. - sont aussi présents. Il y a également des représentants d’organisations internationales, Christine Lagarde, du Fonds monétaire international, et Jim Yong Kim, de la Banque mondiale. Des vedettes, comme Leonardo DiCaprio et Kevin Spacey, sont, elles-aussi, au rendez-vous pour partager leurs idées toutes fraîches ! Le programme n’est pas encore terminé, le Forum dure encore un jour et demi, mais je vous donne déjà un avant-goût de mes impressions sur ce que j’ai vu jusque-là.

Cette année, le Forum économique mondial, qui se déroule chaque année à Davos, porte sur la « quatrième révolution industrielle ». Au 18e siècle, le monde a connu une première grande transformation avec l’invention de la machine à vapeur. Il y a eu ensuite la production à la chaîne et, beaucoup plus tard, l’arrivée de l’électronique. Aujourd’hui, alors que des systèmes novateurs comme la robotique, l’impression 3D et les voitures sans conducteur, repoussent les limites du possible, nous sommes à l’aube d’une nouvelle révolution industrielle.

Les implications de ces avancées figurent parmi les principaux thèmes abordés cette semaine. Comment les nouvelles technologies façonneront-elles le monde ? Leur impact sera-t-il plus fortement ressenti dans les pays en développement ? Quelles seront les répercussions dans les modes d’interaction humaine ? Ces débats n’ont, bien sûr, pas pour but de mettre un frein au progrès. L’objectif est plutôt de faire le point et d’examiner la nouvelle orientation que prend la planète et les difficultés et les enjeux qu’il faudra peut-être aborder. Stephen Hawking a récemment annoncé comme une quasi-certitude que la technologie menacera l’humanité au cours des prochains millénaires. Si tel est le cas, les technologies que cette révolution met en place devront prendre en compte les implications durables et à long terme de leur utilisation.

L’intelligence artificielle et les robots présentés dans les livres ou les films n’ont certainement pas manqué de frapper notre imagination. Or ce qui relevait hier encore de la fiction est déjà en partie une réalité. J’ai parlé avec le professeur d’histoire Patrick McCray de la contribution des normes dans cette nouvelle ère industrielle. L’histoire montre que pour progresser, cette quatrième révolution aura besoin de nouvelles normes mondiales. Ces normes jouent un rôle important non seulement pour créer de nouvelles opportunités, mais aussi pour cadrer les attentes, poser des jalons et établir des limites.

ISO 13482 sur la sécurité des robots de soins personnels fournit un très bon exemple de la relation qui lie les normes et l’innovation. Cette norme a représenté une référence importante pour ce secteur car les fabricants ne disposaient à l’époque d’aucun autre document directif faute d’expérience dans cette technologie. Or, en l’absence de normes, de nombreux acteurs de l’industrie ne se sont pas montrés prêts à investir des millions dans un produit qui risquait de ne pas être accepté par le marché pour des questions de sécurité ou l’éventualité de nouvelles réglementations inconnues. Aujourd’hui l’ISO a mis sur pied un comité technique responsable de l’élaboration de normes sur la robotique qui offrent de meilleures garanties dans ce domaine

 

Les nouvelles technologies comportent de nouveaux risques, et ceux qui inquiètent le plus les organisations sont les cybermenaces. Au cours d’un débat sur la cybersécurité, Kevin Spacey l’acteur de la série House of Cards, a dit avoir peur d’un nouveau piratage comme celui que Sony Pictures Entertainment a subi en novembre 2014. Pour lui, ce piratage a été un signal d’alarme dans le secteur du cinéma – et à vrai dire, dans tous les autres secteurs. Sa conclusion est importante : à l’ère du numérique, la cybersécurité et la protection de la propriété intellectuelle de grande valeur sont des enjeux fondamentaux pour les artistes. L’ISO est très active dans ce domaine. Elle met au point des outils destinés à aider les organismes à se doter de solides infrastructures de cybersécurité et de systèmes de parade.

 

Un autre débat intéressant du Forum de Davos concerne les infrastructures et les villes intelligentes. La migration urbaine et l’orientation des villes vers les nouvelles technologies présupposent des normes pour assurer l’interopérabilité des systèmes mis en place. Les normes apportent la cohérence nécessaire pour assurer la performance et la protection des avoirs des villes ainsi que la sécurité et le bien-être des citoyens.

Pour Achim Steiner, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement, la ville du futur soulève un problème parallèle : on prévoit que sur les 35 années à venir l’infrastructure urbaine devra doubler au niveau mondial. Alors, comment s’assurer de construire durablement ? Cette année, l’ISO, l’IEC et l’UIT organiseront un Forum mondial sur les villes intelligentes (World Smart City Forum) pour mobiliser les gestionnaires des villes et d’autres parties prenantes afin de leur montrer comment les normes peuvent leur prêter main forte dans cette voie.

Ces derniers jours ont donné lieu à de nombreux débats de nature à stimuler la réflexion et les idées. Il y a tant de domaines où les normes ISO peuvent jouer un rôle. Bon nombre des dirigeants ne sont pas conscients de l’action et du pouvoir démultiplicateur des normes dans cette quatrième révolution industrielle. Mais les choses évoluent petit à petit. Les « initiés » voient dans les normes ISO la clé pour l’accès au marché et la diffusion des nouvelles technologies. Sans elles, il est impossible que les innovations s’opèrent au rythme exponentiel souhaité.

Les normes sont également l’incarnation des meilleures pratiques dans le monde. Elles représentent un moyen de transmettre aux personnes et aux organisations qui doivent les aborder, des solutions pour les défis complexes qui se posent aujourd’hui sur la planète. Le monde va loin quand il s’accorde. Le besoin de solutions communes de portée mondiale comme celles de l’ISO est à la mesure des besoins qu’impliquent les nouvelles technologies et les nouvelles solutions nécessaires à un monde réellement durable.

Maria Lazarte
Maria Lazarte

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