Systèmes agricoles et alimentaires – l’agriculture intelligente, c’est maintenant !

Comment allons-nous nourrir 8, 9, 10 milliards de personnes tout en protégeant l'environnement ? Qui va s'en charger ? Quel rôle pour les normes ISO ? 

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L'agriculture intelligente n'est pas un concept nouveau. Comme pour une semence, il a fallu attendre patiemment les bonnes conditions. Les progrès technologiques, la pression croissante sur les terres et l’augmentation de la population ont créé les conditions voulues. L'ISO a donc réuni quelques-unes des sommités mondiales de l'agriculture pour faire de l'agriculture intelligente une réalité.

Les travaux du SAG (Groupe consultatif stratégique) de l'ISO pour l’agriculture intelligente ont déjà été présentés. Au début de l'an prochain, la feuille de route du SAG donnera un aperçu de l'état actuel de l'agriculture intelligente et des possibilités offertes par la normalisation. Or, quand on connaît bien le terrain, on sait d’emblée que bon nombre des principaux défis de l'agriculture intelligente ont trait à l'interopérabilité, c'est-à-dire à la capacité à échanger des données et à travailler ensemble de différents systèmes, comme les tracteurs, les drones et les logiciels de gestion agricole, fournis par différents fabricants. Pour ne rien arranger, côté négatif, le sujet est d’une extrême complexité, mais l’aspect positif tient au fait que, des formats de fichiers de données aux puces des cartes de crédit en passant par les réseaux pour l'intercommunication des véhicules, la normalisation est un gage d'interopérabilité.

Les défis sont multiples dans le secteur de l'agriculture et les objectifs à remplir sont de plus en plus nombreux – rentabilité, durabilité et conformité aux exigences réglementaires. Ces objectifs ne vont pas toujours de pair et peuvent avoir des implications différentes d’un agriculteur à l’autre, en fonction de leur situation géographique, de la taille de leur exploitation, etc. L'agriculture intelligente peut être profitable aux exploitations agricoles de tous types et de toutes les tailles, mais il faut que les solutions qu’elle propose soient abordables, faciles à adopter et source de valeur ajoutée pour chaque utilisateur. Ainsi, les petits exploitants et les exploitations familiales tout comme les exploitations commerciales, les plantations et les ranchs voudront en adopter la démarche.

Dans une série d'articles, nous allons rencontrer des agriculteurs du monde entier. Nous leur demanderons comment, à leur avis, l'agriculture intelligente peut contribuer à améliorer leurs moyens de subsistance et à accroître la durabilité à long terme de leurs exploitations. Nous examinerons également les obstacles à l'adoption de cette technologie et les doutes qu'elle suscite. Certains s’inquiètent de son coût, d'autres craignent qu'elle ne puisse pas évoluer ou fournir des informations exploitables. D'autres encore redoutent qu'elle ne transforme rapidement les méthodes de travail traditionnelles et les techniques qui, jusqu'à présent, ont fait leurs preuves.

Afin d'évaluer ces perspectives très différentes et comprendre comment elles s'intègrent dans une vision d’ensemble, nous examinerons leurs défis et leurs réussites à l'aide du modèle de la « chaîne de valeur » de Porter, un moyen simple et efficace de comprendre comment les activités créent de la valeur.

Comprendre les différents défis et les opportunités

Nous commencerons notre série d’articles par un entretien avec Rick Murdock, un exploitant agricole commercial qui exploite aux États-Unis 600 hectares de maïs, de blé et de soja, ainsi que 20 hectares d'étangs d’élevage de poissons-chats. Parmi les défis qu'il doit relever, citons l'optimisation des intrants agricoles (en particulier les engrais) pour gérer des marges serrées, et le manque de méthodes précises de prévision des rendements aptes à soutenir ses ventes et son marketing. Les normes intelligentes permettent déjà de résoudre une partie de ces problèmes et ont le potentiel pour en faire davantage, mais selon Rick Murdock, ce n’est pas un long fleuve tranquille. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, mais nous progressons.

Nous nous rendrons ensuite au Moyen-Orient où nous serons en contact avec Alireza Atri, un agronome actif auprès d’un certain nombre de familles et de petits exploitants agricoles qui produisent du safran et cultivent d’autres produits. Le manque d'accès au marché, de financement et d'outils de gestion des risques comme l'assurance récoltes est, pour eux, un défi à relever bien loin des problèmes que connait Rick Murdock. Comment l'agriculture intelligente peut-elle aider ces producteurs à prendre les bonnes décisions dans leur activité ?

Notre dernière destination de la série est l'Allemagne, troisième exportateur mondial de produits agricoles. Nous rencontrerons un couple qui cultive des aliments pour animaux et élève des porcs. Les agriculteurs allemands ont certes accès au marché et disposent d'une bonne logistique en matière d'intrants, mais certains sont réticents à utiliser davantage de technologie. L'une des craintes est que les informations soient utilisées à des fins contraires aux intérêts des agriculteurs, et qu'elles finissent par les conduire à mettre la clé sous la porte. Comment les normes ISO peuvent-elles répondre à de telles préoccupations ?

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